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 Monstres ? (suite)

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3 participants
AuteurMessage
Angelheart
Explorateur
Angelheart


Nombre de messages : 271
Date d'inscription : 28/07/2005

Monstres ? (suite) Empty
MessageSujet: Monstres ? (suite)   Monstres ? (suite) EmptyDim 19 Nov - 22:13

Linda s'assit face à moi, sur un fauteuil, ses genoux nus dépassant des pans
de mon peignoir informe qu'elle avait enfilé. Ses yeux étaient baissés. Ses longs
cheveux trempés. Alors que j'éteignais ma cigarette, elle me confirma ce que je
pensais.
– Mathieu, je suis désolé pour tout à l'heure, dit-elle d'une toute petite voix
que je ne lui reconnus pas. Je... je ne sais pas, j'étais tellement excitée, je ne
sais pas ce qui m'a pris...
Pas une seconde elle n'a levé les yeux vers moi, mais je parvins quand même
à y lire ce que je devinais au son de sa voix.
– Linda.
Elle releva la tête et me jeta un timide regard. Elle semblait avoir rajeuni de
dix ans depuis tout à l'heure. J'avais devant moi une jeune fille.
– Linda, fis-je d'une voix douce. Ce que j'ai vécu aujourd'hui avec toi, je ne
l'avais jamais vécu avec personne d'autre, ni dans cette vie ni dans aucune
autre. Tu vas me prendre pour un fou de dire ça, mais je t'aime. Je le sais, c'est
comme une évidence. Rien n'a jamais été aussi clair pour moi.
Ses yeux noirs se mirent à briller et des larmes étincelantes coulèrent par àcoups
le long de ses joues rougies par l'eau bouillante de la douche.
– Donc, je veux que tu me dises la vérité, et je sens que tu as envie de le
faire... Dis-moi la vérité s'il-te-plaît.
Elle éclata en sanglots terribles, et se recroquevilla sur elle-même, et je
l'aimais tellement que j'aurai pu l'imiter si je m'étais laissé aller.
Je m'approchai d'elle et l'enlaçai aussi adroitement que je le pus, ce qui est
toujours difficile avec quelqu'un qui pleure. Je la couvrais de baisers pour
essuyer ses larmes, mais elle était secouée de tremblements nerveux. Elle
marmonnait mais n'arrivait pas à articuler, tant son chagrin se libérait avec
violence, comme si un barrage venait d'être rompu dans son coeur, déversant
des milliards d'hectolitres de souffrance à travers chaque pore de sa peau.
Bouleversé à mon tour de la voir souffrir ainsi, je la suppliais, l'implorer de
tout me dire, que j'étais là, avec elle, pour elle, et que je le resterais.
Quand elle réussit à se ressaissir, elle me raconta de nouveau sa vie, mais
d'une autre façon, en incluant tout un nouveau côté ténébreux, effrayant. Elle
m'expliqua comment elle était devenue ce qu'elle était, les épreuves qu'elle
avait dû endurer pour survivre, les morts qu'elle laissait derrière elle quand sa
soif était trop dévorante. Je l'écoutai sans l'interrompre, la laissant vider son sac
plein de vipères aux morsures mortelles, sans jamais desserrer mon étreinte,
sans jamais la quitter des yeux, sans jamais perdre la flamme amoureuse dans
mon regard.

Je pense qu'elle n'avait jamais raconté tout cela à personne. J'étais le premier.
Et c'est ce qui a fait qu'elle n'a jamais pu se repaître de moi.
A chaque fois que nous faisions l'amour, quand son plaisir atteignait les
sommets, elle me mordait, à différents endroits, sans toutefois aspirer de
grandes quantités de mon sang. Après ces petites succions, elle était plus
déchaînée que jamais, plus avide de jouissance, et nos étreintes étaient plus
fortes que je n'aurais pu l'imaginer.
Nous vécûmes ainsi, d'alcool, de sexe et de sang pendant un temps
indéterminé, mais qui après coup me semble n'avoir duré que quelques heures,
intenses et torrides. Horriblement courtes.
Je l'aimais.

Quelques jours après notre rencontre, elle me proposa de participer à ses
chasses nocturnes. Je fus vite fasciné par la métamorphose qui s'opérait en elle
quand un être au sang chaud approchait de notre cachette. La femme belle et
délicieuse qui me cajolait et me donnait mille plaisirs se transformait alors dans
l'ombre des obscures cages d'escaliers d'immeubles (où elle chassait le plus
souvent) en un impitoyable prédateur, dont la vue en pleine lumière aurait
rendu fou n'importe qui. Ses traits se raidissaient, s'accentuaient, et je finissais
par ne pas la reconnaître. On aurait pu croire qu'elle portait un terrifiant
masque, diablement réaliste, conçu par le plus perturbé des sculpteurs. Une
étrange lueur rousse brillait dans ses iris dilatés, et elle guettait, courbée en
deux, souple et véloce comme une panthère, avant de fondre sur sa proie, sans
un bruit. Elle ne les saignait jamais entièrement, ce qui nous permettait de
poursuivre nos pérégrinations jusque tard dans la nuit.
Nous étions saouls du soir au matin, et ma passion dévorante me fit perdre
pied avec la réalité, ma réalité. J'oubliai complètement ce qu'il ne fallait pas
que j'oublie.

Mais comment aurais-je pu ? Je ne sortais plus, je n'avais plus aucune notion
du temps, du jour ou de la nuit. Je ne pouvais m'écarter d'elle, ne serait-ce que
quelques minutes.

Un samedi soir, il devait être 22h30, nous marchions en silence dans le petit
square de Mongeain, après avoir escaladé les grilles de fer. Nous venions de
faire l'amour derrière un odorant arbuste de genévrier, et nous descendions une
bouteille de Whisky, allongés sur l'herbe, nos regards perdus dans le ciel qui
s'assombrissait. Linda, me caressait la main, doucement, et je me sentais bien.
Pour la première fois de ma vie, mon esprit était en moi, et non ailleurs, et je
pouvais profiter du temps qui m'était alloué. J'étais ivre mort.
Quand Linda se redressa brusquement, je vis tout de suite l'horreur se
dessinait sur ses traits d'ordinaire si doux. Elle me parut soudain terriblement
fragile. Malgré les vapeurs d'alcool qui m'embrumaient la tête, je compris
instantanément. Je jetai un coup d'oeil désespéré vers le ciel curieusement
éclairé. Le sol disparut sous mes pieds.
– Va-t-en ! criai-je d'une voix qui n'était plus la mienne. Pars ! TOUT DE
SUITE !
Linda était figée, comme si la malédiction de Sodome venait de s'abattre sur
elle. Elle ne m'écouta pas, et c'était déjà trop tard.
Quand je repris connaissance, la nuit était toujours là, éclairée par cette
maudite pleine lune. Il ne restait de Linda qu'un abominable tas sanguinolent,
où il était difficile de reconnaître un semblant d'humanité. Terrassé de chagrin,
de honte et de rage, je rentrai chez moi en courant, les vêtements déchirés et
mon corps couvert de sang.
Son sang.

Quelques mois ont passé depuis, et Linda me manque terriblement. J'ai
plusieurs fois pensé à mettre fin à mes jours, mais je sais que c'est impossible.
Ma mère me l'avait dit.

J'ai déménagé à la campagne, dans une sorte de rendez-vous de chasse perdu
à la lisière d'une forêt privée. Le propriétaire du domaine m'a embauché pour
entretenir les allées, détruire les nuisibles et empêcher toute intrusion,
braconniers ou amateurs de champignons.

Je me sens bien ici, dans la nature, loin de toute concentration humaine. Je
ne retournerai jamais habiter en ville, c'est trop risqué, et ça finit toujours mal.
Je suis condamné à rester seul, et l'écriture m'aide à ne pas sombrer dans la
mélancolie. La nuit je passe des heures à penser à Linda, tout en observant
cette lune qui m'est si proche, cette lune qui fait de moi ce que je suis, cette
lune qui me fait perdre tous ceux que j'aime, inéluctablement. Parfois je la
hais, je l'insulte, j'aimerais l'anéantir, mais elle se fiche de moi, indifférente,
puis elle disparaît, avant de revenir quelques jours plus tard, quand ma haine
est redescendue, pour l'attiser de nouveau. Elle revient pour me narguer, me
transformer en ce tueur monstrueux que je n'ai jamais voulu être, mais que je
serai toujours.

Heureusement, j'ai avec moi ce brave Tommy, qui ne m'a pas quitté depuis
mon départ de Mongeain. Il a plutôt bien réagi quand je l'ai fourré dans le
coffre de mon vieux break, avant de fuir au loin.
Je crois qu'il m'a compris.

Il a l'air plutôt heureux ici, avec moi, dans les bois. Il m'aide à traquer les
rats et les renards (nous avons fait de sacrés cartons depuis la fin de l'hiver).
Les soirs de pleine lune, je l'enferme dans la remise, et pendant que je suis
dans les bois, nu et monstrueux, en quête de malheureux animaux qui finissent
broyés sous mes griffes et ma mâchoire, je l'entends au loin qui hurle à la mort,
modulant sa voix désespérée comme une sirène de caserne.

Depuis, j'ai compris sa réaction le jour où il m'a rencontré avec Linda.
Quand il m'a aperçu de loin, il a eu peur, ce qui l'a poussé à se jeter sur moi, à
m'attaquer. Puis il m'a reconnu, comme l'un des siens, un peu comme un cousin
éloigné, et il m'a fait la fête.

Aujourd'hui, au fin fond de notre cambrousse, nous formons un couple sans
histoire, comme de vieux copains. Sans dispute, sans fâcherie, et j'espère que ça
va durer. Un chien loup et un loup garou sont faits pour s'entendre.


FIN

© Thomas Desmond 2006
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Tony
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Tony


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MessageSujet: Re: Monstres ? (suite)   Monstres ? (suite) EmptyMar 21 Nov - 2:28

Je n'avais pas encore eu l'ocassion de lire cette nouvelle, et j'ai beaucoup aimé. Les descriptions sont précises et agréables à lire, tant lorsqu'il s'agît des passages sexuels croustillants que des passages sanglants ou de simple description du ressentis des personnages. La nouvelle se lit d'une traite avec un réel intérêt. Du bon boulot, une autre variation du thème du vampire, avec toujours en arrière plan, celui de l'amour. ^^
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Nombre de messages : 1643
Date d'inscription : 23/02/2005

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MessageSujet: Re: Monstres ? (suite)   Monstres ? (suite) EmptyMer 22 Nov - 12:26

Vous avez tous bien travaillés, les gars !

J'aime bien cette nouvelle au twist final sympathique que je n'avais pas deviné. Je trouve que tu as fait d'énormes progrès, autant dans la construction que dans les descriptions. Une approche oblique du thème que l'on a plaisir à lire.

Bravo
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MessageSujet: Re: Monstres ? (suite)   Monstres ? (suite) Empty

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