(Dario Argento'S) Door Into Darkness

Au début des 70's, la RAI, la seule chaîne TV italienne (une deuxième est lancée mais peu de gens y ont accès), décide de redorer un peu son image et de se moderniser. Elle décide alors de faire appel à Dario Argento qui commence à être connu pour lancer une mini série TV lorgnant vers ses films mais destinée à un large public, ce qui posera des problèmes de censure puisque la chaîne ne voulant pas prendre le risque de choquer ses spectateurs. Dario accepte et réunit une petite équipe dont Luigi Cozzi, et c'est ainsi que 4 épisodes vont voir le jour dans cette série au titre original de La Porta Sul Buio. A la production on retrouve Dario et son père par l'intermédiaire de leur compagnie SEDA Spetacolli. La chaîne était en N&B, mais elle demanda aux réalisateurs de filmer en couleur pour pouvoir réutiliser plus facilement le résultat après. Ce que firent les réalisateurs, mais ils tournèrent également en N&B, et les films furent d'ailleurs pensés pour être en N&B comme nous l'explique Cozzi qui nous supplie presque de les regarder ainsi. Le résultat, c'est donc 4 épisodes policiers (on ne peut pas vraiment parler de gialli) de bonne qualité et qui durent de 50 min à 1h. Les 4 épisodes sont présentés par Argento ('tain ça fait bizarre de le voir tout jeune!) à la Hitchcock, le truc étant parti d'un délire avec Cozzi, mais le résultat de ces présentations n'est franchement pas terrible perso je trouve. Enfin à la musique on retrouve Giorgio Gaslini, qui composera également en partie peu après la musique de Les Frissons De L'Angoisse.

The Neighbor : un couple et leur bébé emménagent dans leur nouvelle demeure, une villa qu'ils partagent avec un autre couple qui habite au-dessus. Mais les nouveaux arrivants ont la désagréable surprise de constater qu'une tâche d'eau croissante envahit leur plafond. Intrigués ils montent chez leurs voisins, et découvrent dans la baignoire un cadavre. Malheureusement pour eux, le tueur est encore dans le coin.
Réalisé par Luigi Cozzi, c'est le premier épisode a avoir été diffusé (mais le deuxième tourné, le premier tourné étant The Tram), et il s'agit d'un sympathique thriller à l'ambiance tout à fait plaisante. Malheureusement il y a trop de blablas, surtout en début, ce qui casse un peu le charme. Le suspense n'est pas non plus des plus intense malgré ce qu'en a pensé Argento. Mais dès que le couple est aux prises avec le tueur, ça devient heureusement plus intéressant.

The Tram : un meurtre a été commis dans un tram, mais personne n'a rien vu, ce qui laisse perplexe l'inspecteur chargé de l'enquête qui se demande comment on peut tuer quelqu'un dans un endroit aussi étroit et peuplé sans que personne ne voit rien. Il se lance alors dans une reconstruction du crime pour essayer de comprendre ce tour de force.
Réalisé par Argento (qui a prit un pseudonyme parce qu'il voulait pas que son nom soit associé à une réalisation pour la TV!), ce film montre en fait essentiellement dans les détails une enquête policière. En fait ce film avait initialement été écris pour L'Oiseau Au Plumage De Cristal, c'était une scène prévue mais pas tournée au dernier moment car ça ralongeait trop le film. Néanmoins Argento aimait cette scène, il l'a donc ressortie pour sa série en y ajoutant une intro et un final. Le gros du film est donc la reconstruction du crime, et c'est vraiment excellent, Argento nous démontre ici encore son génie pour les enquêtes tordues, tout s'imbrique parfaitement et devient clair à la fin alors qu'on pige rien à l'image de l'inspecteur tout au long du film. A noter qu'Argento a rencontré des problèmes avec la chaîne, à la fin le tueur est armé d'un couteau et s'attaque à une fille, or la chaîne avait peur qu'on prenne ça pour l'image d'un sexe voulant pénétrer la fille (oui parce que d'après eux le couteau a une forme phallique! On a pas trop la même anatomie apparemment...), et donc Argento a dû opter pour une autre arme, à savoir un crochet.

Eyewitness : en rentrant un soir, une conductrice est témoin d'un meurtre. Et pourtant elle se heurte à l'incrédulité de la police qui ne trouve aucune trace du crime. Peu après, le tueur se manifeste et la menace de plus en plus sérieusement.
Réalisé par Roberto Pariente, un ancien réalisateur assistant d'Argento, l'épisode ne s'avère pas satisfaisant pour ce dernier qui confie la réalisation de la première partie où l'histoire se met en place à Cozzi et s'occupe lui-même de tourner la deuxième partie plus dans la veine de ses précédents films. Le film reste néanmoins crédité au nom de Pariente. Le début est très bon, avec une atmosphère assez pesante et inquiètante, et la fin entretient une certaine angoisse. Malheureusement le milieu est un peu creux, pas chiant non plus mais on sent quand même le passage à vide comparé au reste du film. Sinon dommage pour le twist final qui se devine assez facilement au fur et à mesure qu'on avance dans le film. Très bon épisode mais inégal. Petite anecdote, c'est grâce à cet épisode qu'Argento a rencontré sa femme pour quelques années, l'actrice qui occupe le rôle principal, Marilù Tolo, alors que le rôle devait d'abord être attribué à Daria Nicolodi.

The Doll : un fou s'évade de l'asile et s'incruste dans la vie d'une jeune femme fragile et solitaire.
J'en dis pas plus pour pas spoiler. Voilà un épisode bizarre, réalisé par un employé de la RAI, Mario Foglietti, ainsi qu'un peu par Cozzi qui s'est occupé de scènes mineures pour gagner du temps. Un épisode en fait très psychologique, presque pas policier. Perso j'ai pas trop aimé : le début est long, le milieu est bizarre, on sait pas trop où le film va, on suit les déambulations apparemment hasardeuses du fou. Quant à la fin, elle est plutôt plaisante si ce n'est ce vilain twist qui gâche tout. J'y avais d'ailleurs songé mais avait vite écarté cette hypothèse tellement je trouvais ça ridicule. Pas de bol, ce fut cette idée qui fut justement retenue. Bref ça m'a pas mal gâché le truc, même si les explications qui suivent ce twist font un peu plus facilement passer la pilule. Mouais, pas convaincu sur ce coup-là...

Niveau DVD, Dragon a sorti une édition fort acceptable, avec une qualité audio et vidéo satisfaisante pour une telle rareté, et avec une interview de Cozzi et une introduction aux 4 films toujours par Cozzi, le tout étant en italien sous-titré anglais ou allemand. Les films sont répartis en 2 DVD placés dans un digipack cartonné lui-même placé dans un fourreau cartonné, bref un bien bel objet.

Critique ici : http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=853