Dans la filmo d'un réalisateur, il y a toujours un vilain petit canard. Dans la carrière américaine (pour ne pas dire fin de carrière) de Dario Argento, Le Fantome de l'Opéra pourrait bien être celui-là. Parfois, on a des bonnes surprises, un film moins mauvais ou plus ouvert à reflexion que prevu. Mais il faut être honnête, ce Fantôme de l'Opéra, là, c'est pas franchement fameux...
Pourtant ça ne partait pas forcément mal. Le fantome de l'Opera respecte les grandes lignes de l'oeuvre de Leroux, mais développe un parti-pris intéressant : celui de faire du Fantome un orphelin élevé par des rats, devenant à l'âge adulte un homme au physique avantageux. Certains crièrent déjà au sacrilège devant celà, moi j'avoue que ce revirement n'est pas forcément désagréable en soit. Une adaptation avec une vision d'auteur, après tout pourquoi pas.
Le Fantome de l'Opera bénéficie de beaux décors, comprenant l'Opéra bien sur, mais aussi tout un jeux de cavernes et de catacombe. Argento, qui n'a pas perdu la main, y promène sa caméra tranquillement et l'ensemble rend assez bien à l'écran.
Seulement, le Fantôme de l'Opéra montre vite ses faiblesses. Pour commencer, les quelques meurtres sont ultra-graphiques et gores tendance grand-guignol. En clair, c'est bien jouissif, mais peu répulsif, alors que le sujet assez sérieux et gothique attirait le contraire. Mais c'est généralement soigné, Sergio Stivaletti fait du bon boulôt, saiuf peut être dans la scène du lustre, qui se transforme en foire aux mannequins. Ces effetts gores, ils sont finalement représentatif de la tonalité de l'ensemble. On dirait qu'Argento pète parfois les plombs, incluant du second degré mal venu. Parfois c'est léger, avec le personnage excentrique de la cantatrice Carlotta ou la servante qui fume en douce, parfois c'est bien craignos, à l'image de la débillissime machine à tuer les rats.
Techniquement, on sent comme une gène. De beaux plans, une belle maitrise des décors, mais c'est tout. Pire, certaines idées esthétiques sont littéralement bousillés. Par exemple, il y a une scène où Asia Argento et le fantôme sont amant. Cela débute de belle façon, alors que la caméra s'avance vers Asia, allongée nu sur un lit. On dirait presque un de ces vieux tableaux. Tout est là pour une ambiance érotique subtile. Là dessus, vlan, le fantôme arrive et prend Miss Argento comme un sauvage. Tout dégringole, ce n'est plus de l'Argento c'est du Joe D'Amato
Mais je crois que le pire c'est le casting ! Aie aie aie, tous plus mauvais les uns que les autres. Dans le role du Fantome, Julian Sands, qui tout en ressemblant à Iggy Pop en moins ravagé s'avère expressif comme une pantoufle. Le gars qui joue Raoul, c'est la catastrophe aussi. Même Asia Argento est grotesque. Pourtant je l'avais bien aimé dans Syndrome Stendhal, mais là rien à faire, c'est pourri. Je ne sais pas de quoi ça vient, peut être de son physique. Elle doit être trop typé contemporaine pour être crédible en costume XIXème siècle. Un peu comme si George Clooney devait jouer un mousquetaire. Mais ça ce n'est encore rien, le summum du ridicule, c'est quand même lorsqu'elle chante en play-back !! Je ne savais pas qu'une femme pouvait cabotiner...
Rayon musique, Morricone est dans le ton, faisant le minimum syndical.
On retiendra un final sombre, des scènes gores qui giclent et en général, un film où l'on ne s'ennuie pas trop, Argento oblige. Très très moyen.