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 J'attends de Marija Nielsen (Zombigirl)

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Evil Raptor
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Evil Raptor


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J'attends de Marija Nielsen (Zombigirl) Empty
MessageSujet: J'attends de Marija Nielsen (Zombigirl)   J'attends de Marija Nielsen (Zombigirl) EmptyLun 29 Aoû - 15:12

Texte intégral de J'attends (nouvelle) de Marija Nielsen


Mon nom est Susan et j’ai quarante-sept ans. Je me trouve dans le salon et Eloïse se trouve dans sa chambre, à côté. Eloïse est ma fille de sept ans, douce, adorable et belle comme une journée ensoleillée à la campagne. J’attends que sa transformation s’achève depuis qu’elle a été mordue il y a deux jours par un vieillard contaminé.

A la radio, ils disent que la transformation prend trois jours pour un enfant et jusqu’à une semaine pour un adulte. C’est parce que nous sommes physiquement plus résistants. Ils n’ont rien dit à propos de notre résistance morale face à l’horreur de témoigner d’un changement aussi abominable dans nos enfants. Je suppose qu’ils n’en savent rien.

Le virus est apparu il y a presque deux mois et s’était propagé à une vitesse incroyable. Une fois mordu par un individu contaminé, on meurt en quelque sorte, et puis on devient une chose affamée de chair humaine fraîche.

Mon mari, Phil, est mort il y a quatre semaines et depuis, Eloïse et moi avions survécu de notre mieux. Nous avions stocké de la nourriture et ne sortions que lorsque la police faisait des rondes de sécurité dans le quartier.

Ils disent que l’épidémie est pratiquement contenue maintenant, mais pour les individus contaminés, il n’y a qu’un seul remède : une balle dans la tête.

Et c’est cela que j’attends. La transformation de mon enfant afin de l’en délivrer d’une balle dans la tête. Je pourrais le faire maintenant qu’elle est inconsciente (morte ?) et incapable de se défendre, mais j’ai encore un espoir, voyez-vous ; l’espoir qu’elle s’en remettra, qu’elle n’a pas vraiment été contaminée. Mais plus que tout, il y a une inébranlable conviction au plus profond de moi qu’une fillette de sept ans ne doit pas mourir. Et on n’abandonne l’espoir pour son enfant condamné que lorsque l’instant final est passé. Pas une fraction de seconde avant. Si votre propre enfant a déjà été en un quelconque danger vital, vous savez de quoi je parle.

Pourtant, je sais ce qui nous attend et des fois, comme si une force intérieure incontrôlable appuyait sur un interrupteur, j’éclate d’un rire hystérique se perdant dans des gémissements pathétiques ; d’autres fois, je hurle jusqu’à ce que j’ai l’impression que mes cordes vocales pendent en lambeaux. Quelle importance de perdre ma voix si je ne pouvais plus dire à ma fille à quel point je l’aime.

Je sais que ce que je m’apprête à faire ôtera toute ma santé mentale ainsi que la vie de mon enfant (non, elle est déjà morte, déjà morte, ne l’oublie pas. Elle sera toujours morte, elle ne reviendra jamais. Toujours, jamais ; deux mots opposés pour décrire la même perte insupportable.)

De temps en temps, j’entends des petits bruits provenant de sa chambre : des pleurs, des gémissements, c’est tout. Rien pour indiquer clairement le virus qui s’empare de ma fille de façon atroce, la remplaçant par une coquille vide et affamée ; une monstruosité incompréhensible qui ait comme impossible origine autant de douceur enfantine.

Phil et moi avions tant de mal à concevoir un enfant que nous n’espérions même plus. Mais les miracles, ça arrive, et enfin, après neuf mois d’appréhension, Eloïse est née. Un ange descendu sur terre pour complèter notre vie. Nous avions tous les deux presque quarante ans, alors il était temps.

Au risque de paraître comme un cliché recouvert de sirop, nous étions heureux, tous les trois. Phil était véto pour grands animaux et Eloïse sautait de joie à chaque fois que son père l’emmenait au club équestre. Les poneys étaient sa grande passion et lorsqu’à cinq ans, elle pouvait enfin prendre ses premiers cours, elle était folle de joie ! Vous savez comment les petits enfants sont incapables de cacher leurs émotions ? Ca me déchire le coeur de me rappeler son regard briller d’une joie pure et non-diluée et le sourire incontrôlé élargir sa petite bouche.

Je travaillais en tant que graphiste, mais je sais que nombre de mes collègues sont morts. Je n’ose pas retourner à nos bureaux parce que je suis terrifiée de ce que je vais y découvrir. Ils avaient été pris d’assaut par totale surprise et avaient mené une lutte terrible pour leur survie. Je déteste penser au fait que mon assistant et moi étions partis pour affaires ; vous savez, le classique complexe de culpabilité du survivant. Nous avions vu certains des dommages extérieurs à notre retour, mais n’étions pas entrés. Ensuite, les bureaux ont été laissés à l’abandon et les pillards y ont certainement déjà fait une descente. Mais je ne crois pas que les corps aient été enlevés, ni l’endroit nettoyé. Vous non plus n’auriez pas envie d’y aller.

La télé n’émet que de la neige statique. C’est un sentiment des plus étranges que de regarder par ce que l’on considère être une fenêtre sur le monde et avoir l’impression d’être le seul survivant dans un univers composé de minuscules points noirs-et-blancs qui picotent. Heureusement, la radio émet encore et je me cramponne à ces voix désincarnées comme à une bouée de sauvetage au milieu d’une tempête féroce. Je réalise qu’il doit y avoir d’autres personnes là, dehors, même si les voix ressemblent parfois à des enregistrements.

Mais j’essaie de ne pas penser à ça.

Depuis ces deux jours, je me promène parmi mes souvenirs d’Eloïse : son premier cri, son premier sourire, ses premiers pas, ses premiers mots, ses premiers tout. Après-demain, le reste de ma vie ne sera qu’une succession de premières fois sans elle.

Nous avions tant de complicité, ma fille et moi ; rien à voir avec la distance glaciale que ma propre mère gardait entre elle et moi. Ma fille était si vivante et incarnait tous les espoirs de ses parents. Elle semblait le savoir, mais en même temps, elle était fermement décidée à suivre sa propre voie, ce qui ne pouvait que nous réjouir.

Ainsi est-il que j’attends depuis deux jours, quarante-huit heures aussi formidablement longs que des années-lumière.

Je voudrais que tout soit fini, mais mon être entier se révolte contre ma coupable impatience d’en finir. J’aimerais pouvoir suspendre le temps pour pouvoir savourer mes souvenirs encore un peu et retarder l’échéance qui rampe vers moi à la vitesse de l’éclair. J’aimerais attendre d’être prête. Evidemment, je mourrais de vieillesse une éternité avant. Quelle ne serait pas ma chance...

Je ne sais pas quelle heure il est (trop tard, toujours trop tard), seulement que la transformation d’Eloïse s’achèvera demain. Alors, je ferai mieux de dormir un peu.

Quelqu’un me réveille en me secouant doucement. J’ouvre les yeux et c’est Eloïse, ma petite fille, toujours aussi belle avec ses boucles blondes, ses yeux gris et sa bouche en coeur.

- Tu t’es endormi par terre, maman, elle ricane, allez debout, feignasse, j’ai faim !

Elle repart en courant et je l’entends rire et discuter avec ses poupées. Je veux me lever et la rejoindre, mais je ne peux pas. Mon corps semble peser une tonne et je commence maintenant à m’enfoncer dans le plancher qui s’est bizarrement transformé en sables mouvants. Je me débats, mais ça ne fait qu’empirer les choses. Je suis désespérément coincée, m’enfonçant d’une lenteur exaspérante.

Eloïse revient et me regarde tristement, sa tête légèrement penchée. Une seule larme coule sur son adorable visage.

- Pauvre maman, tu n’y arriveras pas, elle dit et retourne à sa chambre en referment doucement la porte.

Juste au moment où les sables mouvants se referment au-dessus de mon visage, je me réveille brusquement, en sueurs. Je respire profondément plusieurs fois pour me remplir les poumons et laisser mes exhalations chasser le mauvais rêve. Les brumes de sommeil se dissipent enfin et j’entends un coup sourd provenant de la chambre d’Eloïse, un bruit comme si un petit corps tombait d’un lit.

Je me redresse vivement et vérifie que le fusil est chargé. Avez-vous déjà été dans un avion qui tombait dans des trous d’air ? Alors, vous reconnaissez l’épouvantable sentiment de plongeon qu’a fait mon âme en voyant qu’il l’était.

Pour me vider l’esprit, je visualise le cosmos noir et infini, constellé d’étoiles, et je fais apparaître un trou noir pour y diriger toute pensée consciente. J’aimerais qu’un vrai trou noir s’ouvre juste à côté de moi et m’y aspire, vite, vite, plus vite que ça.

Mais mon esprit refuse de se vider ; je tremble de partout et j’attends.

Puis la porte de la chambre d’Eloïse s’ouvre.

Je ne suis pas encore prête, s’il vous plaît, quelqu’un ?

Elle sort d’un pas saccadé, comme un robot dont la batterie est presque à plat. Sa peau est grise et flasque, comme si elle avait subitement perdu la moitié de son poids. Son regard est fixe et vide, et pourtant incroyablement présent ; la peau autour de ses yeux s’est rétractée, ce qui agrandit maladivement ses globes oculaires jaunis. Ce n’est plus une jolie et joyeuse fillette, mais un automate, gouverné par une faim monstrueuse et inhumaine.

Je réalise soudain que de grosses larmes inondent mon visage et le devant de ma chemise, comme si mon amour maternel s’était liquéfié et mon corps meurtri incapable de le contenir.

- Mon bébé, ma petite chérie (je souffle péniblement), mais qu’est-ce qui t’arrive...

Elle s’arrête et me regarde, la tête penchée sur le côté de cette adorable façon que j’aimais tant. A-t-elle entendu, compris mes mots ? Sait-elle encore qui je suis ? Reste-t-il encore ne serait-ce que la mémoire de son humanité à l’intérieur de cette abomination qu’est devenue mon enfant ?

- Je t’aime, ma chérie, mais (et ma voix se casse,) je dois faire ce que je dois faire, tu comprends ? Je sais que ce n’est pas vraiment toi et -

Elle retrousse ses lèvres qui ressemblent affreusement à des babines et découvre des dents noires et pourries. Frappée d’une terreur glaciale, je pousse un cri involontaire et serre le fusil dans ma main. Puis, elle grogne ; un son bas qui ressemble plus au gargouillement de son estomac impatient et affamé qu’à un son venant de sa gorge.

- Pardonne-moi, ma petite chérie...

Mon âme déchirée par l’atroce finalité de l’inévitable issue, je pointe le fusil sur la tête de mon enfant. Je ferme les yeux et vois ma douce enfant sourire et tendre les bras pour un câlin.

Ensuite, je tire.

L’écho du coup de feu résonne dans la pièce, rebondit sur les murs comme une invisible balle en caoutchouc ; ensuite, le son s’enfonce violemment dans mes oreilles, creusant profondément, vrillant chaque atome de mon corps, martelant les murs de mon âme, décroissant en intensité jusqu’à atteindre le fond pour y mourir. Ca brûle comme de l’acide et je sais que ça ne guérira jamais. Ceci ne prend que quelques secondes, un minuscule bout de temps étiré à l’infini par le cruel savoir que l’instant final tant redouté est passé pour de bon. Je ne peux le comprendre, encore moins l’accepter. Je peux presque voir une meute enragée de démons hurlants me prendre d’assaut, leurs griffes acérées mettant en pièces irréparables ce qui constitue mon humanité. Mes cris désespérés déchirent l’épais silence qui m’entoure, et je me précipite à la salle de bain et vomis ce qui me semble être les repas de toute une vie.

Quand j’ai fini, je reste à genoux, pleurant, gémissant, voulant juste me lever et quitter cet horrible endroit qui ne pourra plus jamais être ma maison. Mais il faut à mon cerveau paralysé un certain temps pour enregistrer les crampes douloureuses provenant de mon estomac, signalant qu’il ne reste plus rien à expulser. Je continue d’avoir des haut-le-coeur, comme si mon corps était déterminé à se débarrasser par la force de l’atroce douleur qui lui brûle chaque fibre.

Finalement, je fais un dernier effort pour me lever et, sur des jambes flageolantes, toujours hoquetant ma peine, je quitte la maison sans me retourner. Je n’emporte rien d’autre que le souvenir d’une fillette blonde aux yeux gris, débordante de vitalité.

Et maintenant, je n’attends plus rien. Excepté peut-être d’être réunie avec ma famille, un jour.
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