SCARY-MOVIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon : la prochaine extension Pokémon sera EV6.5 Fable ...
Voir le deal
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

 

 Les sangtiments

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
Angelheart
Explorateur
Angelheart


Nombre de messages : 271
Date d'inscription : 28/07/2005

Les sangtiments Empty
MessageSujet: Les sangtiments   Les sangtiments EmptyDim 19 Nov - 23:31

Bon, voilà la dernière nouvelle. Elle est de moi. Elle se nomme les sangtiments. A noter, enfin certains l'auront peut-être remarqué, que le thème était les vampires.

Je ne la reverrai pas. C’est une certitude. L’heure est venue. Je ressens ce départ comme une mort programmée. Avec une date butoir, impossible à repousser, impossible à éviter. Existe-t-il un sentiment d’impuissance plus fort que celui-ci ? Je ne pense pas. Peut-être aurai-je dû essayer… Tenter de m’en approcher bien plus. Elle que j’observe si souvent, à qui j’ai pu parler quelque fois. Mais le silence est ce qui a caractérisé le plus notre relation. Je la guettais avec envie et jalousie. L’envie, c’est celle d’être avec elle, de pouvoir vivre à ses côtés, normalement. Sans connaître les contraintes de ma condition actuelle. La jalousie, celle que je ressens au plus profond de moi, celle qui bouillonne, prête à exploser, lorsqu’ils profitent d’elle simplement, une chance que je ne peux avoir. Ou que je ne me donne pas…

Qui sait ? J’aurai souhaité avoir des milliers de fois une réponse à cette question. Une réponse positive, d’une personne omnisciente, capable de m’aiguiller. A moi, pauvre quasimodo coincé dans sa tour, observant dehors, par sa grande fenêtre tout ce qu’il se passe dans la rue. Je ne m’occupe même plus de mon appartement, tout ce qui traîne derrière moi, baigné dans la pénombre et la poussière. Je reste immobile, étonnamment calme. Tout ce qu’il me reste comme exutoire, c’est le meurtre. Libérateur, lorsque je plante mes crocs dans la chair saignante. Puis, je sombre dans la honte la plus total, quand je remarque avec dégoût tout cette hémoglobine sur moi. La bouche, les vêtements, ce cadavre… Que dire de plus ? Au lieu de m’offrir l’amour, je décroche la facilité et le repoussant. Tout ceci ressemblerait fortement à un homme d’une cinquantaine d’années, qui, plutôt de s’occuper sa femme, irait se payer une prostituée pas cher dans un endroit malsain.

Pourquoi je ne m’obéis pas ? Pourquoi je ne m’obéis plus ? Pourquoi suffit-il d’un regard d’elle pour que mille questions me trottent en tête ? Pourquoi n’ai-je rien tenté ?? J’en ai eu l’occasion pourtant. Inutile de me le répéter. Plusieurs soirées où je la sentais sous le charme, où je la croyais sous le charme. En tout cas, moi, je l’étais. Je restais discret, je la regardais rire, sourire, s’exclamer. Quelle pâle figure je faisais à ses côtés… Je ne saurai autrement me résumer que par un « idiot » bien senti. Incapable de profiter pleinement du moment présent (je le regrette sincèrement des fois), je la regardais, encore, encore, encore. Bredouillant quelques mots. Ballotté entre la peur de mon origine, de la décevoir, qu’elle n’ait aucun sentiment pour moi.

Elle semblait triste de me quitter. Pas assez pour rester.

Depuis combien de temps je bois...? Je ne sais plus. Je tourne en rond, la bouteille à la main.
Elle change tous les soirs, elle permet de me calmer. Dans quel état je me rends pour si peu...
Il aurait suffi d'un "oui" de sa part pour partager le bonheur, voir disparaître toutes mes différences.
Mais ici, j'ai l'impression qu'elles s'enfoncent. Peut-être l'avait-elle sentie.

De toute manière, je ne profitais jamais réellement de l'instant présent. Toujours dans la crainte qu'elle me délaisse...
Ce jour est arrivé. Il est bien passé... J'erre seul. Les yeux fatigués, rougis... A quoi je pense ??

Elle n'a pourtant rien d'exceptionnelle. Je veux dire, elle avait des défauts apparents. Elle n'était pas parfaite.
Elle me méprise elle aussi. Comme tous les autres. Elle m'a certainement menti. Je m'en doutais.
Je suis un vampire... Un être repoussant, tout juste à répandre la mort. Ce stéréotype, je tenais absolument à l'éviter.
Et force est de constater que je reprends du plaisir à décimer des gens. Je lâche ma bouteille. Elle s'écrase.
Je m'élance. Je tue. Je soulage mes bas instincts, me gargarise lorsque je rends dans un état encore plus pitoyable que le mien
un pauvre innocent. Il ne m'a absolument fait. Et pourtant, moi, grand lâche, je le fais souffrir, le mords encore et encore.

Un alcoolique. Des vêtements trouvés dans une poubelle, un nez énorme, le visage d'un rouge effrayant.
Lorsque son sang impur se répand sur sa figure, elle redevient légèrement plus humaine. Qui s'inquiète de toi mon pauvre ami ?
La police. Mais après ? Tu étais comme moi. Un homme honteux, qui se cache. Ni toi ni moi ne pouvons remonter la pente.
Je te méprise. Je la méprise. Je vous méprise tous. Je me méprise. Je bois, je tue. Pour éviter d'affronter les "autres".

Parmi les miens, je ne suis qu'un rebut. Un idiot, un simplet, un homme qu'on aime à mettre de côté.
Un homme qu'on aime à détester. Existe-t-il une raison à ce rejet ?? Peut-être est-ce juste...moi ?
Comment puis-je changer cela ? Toi aussi, tu t'es rendu compte de ce que j'étais ? Un moins que rien.

La ville est mon endroit de jeu. Je quitte mon manteau de pudeur. Je vole, je m'abats sur ma proie.
Pourquoi la jouissance est soudainement suivie par une honte indescriptible ? Je serai si bien auprès de toi..

Lorsque je reviens à moi, le lendemain, je l'oublie encore un peu plus. La rapidité avec laquelle je l'efface m'épate.
Cependant, tout ceci ne rime un rien. Un mot d'elle et je retomberai dans un délire gravissime.
Ce n'est qu'une humaine.

Je rêve de lui caresser le visage, la peau. La voir me sourire, la rendre heureuse. Au lieu de cela, me voilà dans une maison
à deux heures du matin. Alors que le père de famille rampe au sol, suivi par une traînée de sang généreuse,
je pense à elle tout en m'abreuvant sur une petite fille. Qu'il est pathétique. C'est tout ce qu'il me vient à l'esprit.
Il n'existe rien de pire qu'une bête agonisante. Je l'égorge.

Mon coeur bat si fort. J'ai l'impression qu'il pourrait s'expulser de ma poitrine. Mais d'un coup, les battements se calment.
Elle est au dessus de moi. Elle m'embrasse. Elle a retiré ses lunettes, je découvre un autre visage...
Je garde la bouche ouverte pendant qu'elle pose ses lèvres dessus. Comment arrive-t-elle à arrêter le temps, à me calmer aussi simplement ?

Je ressors de mon rêve éveillé. Ce sentiment agréable tout de suite suivi par une amertume beaucoup plus longue.
J'ai l'impression de m'emmurer. De devenir fou. Bon sang, il doit bien exister une solution. Très simple.
Mon traitement de choc va sûrement changer ma vision de la chose. Tout du moins je le crois. Lorsque j'arrête de m'enivrer et de tuer...

Je ressens ce vide considérable. Tu me manques. Voilà à quoi je suis rendu. Et pourtant, tout ce que je gagne...
Tout ce que je perds...

Vous vous moquez tous de moi. Vous ririez encore plus si vous saviez que le pauvre idiot se rendait malade pour une simple histoire de coeur.
Nous, les vampires, des êtres capables de charme sur les mortels. Ce genre de questionnement n'a pas lieu d'être pour vous.
Je vous côtoyais chaque jour. J'observais. Impuissant. Je ne suis ni un vampire, ni un être humain.
Je ne peux convenir à personne. Et surtout pas à toi...

J'aimerai être une bête assoiffée de sang, qui laisserait sur son passage d'innombrables cadavres, sans se soucier une seule seconde de ses victimes.
J'aimerai être la personne que tu aimerais. Vivre une petite vie tranquille.

Le pire dans tout cela, c'est qu'elle est partie avec un autre homme. Un incapable. Juste bon à la tourmenter.
Pourquoi le préférer lui ? Il n'est pas digne de toi, et pourtant, tu lui fournis des efforts hors du commun.
Des attentions auxquelles je n'aurai jamais droit alors que j'avais tant à te donner. Quelle injustice.

Je verse une larme. Puis une seconde. C'est un torrent qui s'écoule, glisse le long de mes joues, et inonde ma veste en cuir. Je termine d'un trait ma bouteille
et la jette sans ménagement. Maintenant que l'alcool fait partie intégrante de mon organisme, je me regarde d'un autre oeil.

Qui est cet homme ridicule ? Pourquoi toutes ces questions ? Tuer. Oui, tuer. L'évocation de ce mot dessine un sourire sur mon visage.
Un contentement. Qu'importe cette femme. Si elle est assez stupide pour choisir un homme pitoyable...

Non... Il ne faut pas regretter... La haine. Je dois haïr. C'est ma seule solution. Ma seule chance.

Tout cela ne rime à rien. En vérité, mon plaisir coupable est le seul que j'éprouve en ce moment. Pourquoi ne pas en profiter. Je souhaite sortir tout ce qu'il me vient en tête. Une fois cela terminé, je reprends le cycle... inlassablement. En pratiquant de sombres assassinats, je ne réfléchis plus.

Je suis parti sur les routes, laissant les morts derrière moi. Jusqu'à ce que ce jeu stupide me lasse. Lui aussi. Et puis, un jour, il se mit sur ma route. Quelqu'un l'avait placé face à moi. Comme si une lumière incandescente avait tracé la route jusqu'à lui dans ce désert sombre. Ou tout simplement était-ce volontaire de ma part. L'ami en question. Le détestable. A ma portée. En train de prendre un sandwich dans l'un de ces snacks sales. Et moi, sur le bord du trottoir, mon manteau en cuir noir sur le dos, les mains dans les poches, l'observant. Ni avidement, ni avec haine. Dans le vide. En théorie, et dans ma tête, lui foncer dessus était la seule et l'unique idée qui me traversait. Mais ici ?

Le tuer...? Et sa peine ? Elle n'était pas la plus heureuse du monde avec. Mais seule ? Je serai son meurtrier qui plus est. J'aurai triché. Triché avec la chance, le destin. Incapable d'assumer cette défaite qui me rongeait la chair.

Et alors ? Il me suffirait de continuer mon chemin, comme je l'ai toujours fait. Un cadavre de plus. Un cadavre exquis. Ma vengeance, pure et simple. Pourquoi lui et pas moi ? Pourquoi devoir me sentir plus bas que ce type ? De cette racaille ? Et pourtant. C'est ce que je ressentais. Je n'étais rien face à lui. Un hot dog graisseux en bouche, la sauce dégoulinante du pain, il avait un pouvoir bien plus immense. Son petit coeur à elle battait si fort quand elle le voyait. Une réaction nette et limpide, une réaction que je ne pourrai contempler de mes propres yeux. Jamais. Elle ne m'aimerait jamais.

Qui est responsable de mon état ? Elle ? Lui ? Non... Alucard. Si je devais en désigner un, ce serait lui. Pourquoi ? Il est tout ce que je ne suis pas. Il est la lumière et moi l'ombre. L'instigateur de ma descente. L'humiliation, il me l'a infligé. Maître d'oeuvre. Les autres vampires le suivaient et affichaient ma nullité, mon inutilité. Celui qui m'a fait naître ce doute. Ce doute qui ne me quitta jamais plus. Horrible et implacable doute.

Deux idiots. Au milieu de la ville morte. "Hé regarde, je pisse contre les poubelles !!!" "Ah, ah, ah, ah, ah." Je tombe devant eux. "Hé mais c'est quoi..." Je lui écrase sa phrase dans sa bouche, refusant d'écouter sa voix horripilante, aussi médiocre que le personnage. Ses dents se cassent une à une pendant que je presse. Certains vampire ne se seraient pas gênés pour récupérer directement le sang coulant des gencives. Mais rien que de penser à m'approcher de ce déchet. Je n'ai pas envie de me nourrir, je jouis uniquement de sa mort, lente. Alors que son camarade s'enfuit, je saisis la bouteille dans sa main et lui lance sur le crâne. Maintenant assomé, j'ai tout le loisir de continuer. Les poignets se brisent à leur tour sous ma force pendant qu'il hurle grossièrement, déformé par le sang. Un coup de tête et il s'écrase au sol. Je ne saurai dire pourquoi je le méprise autant. Mais cette haine ne pourra se stopper avant sa mort. En prenant mon élan, je frappe de toutes mes forces dans sa tête. Le coup se rompt. "Pitié" lance l'autre timidement. Mon envie disparaît. Je me retrouve devant ma victime, ma proie, sans savoir que faire.

Et il apparaît. Il descend du ciel, devant. Une cape flamboyante sur lui. Dos à moi, comme pour narguer dès son arrivée. La hargne revient et une nuque cède.

"Alucard !!!!"

Il se retourne, me voit. Et c'est tout. Aucune réaction. Son manque d'intérêt m'effraie. Suis-je si insignifiant. Je m'élance vers lui et lui décoche un coup de pied dans le ventre. Mon attaque n'était sans aucune force, sans aucune volonté. Pourtant, j'espère vainement lui avoir causé du mal. Mais rien. Il retire juste la poussière occasionnée. Lorsque je m'envole, ce n'est que pour m'écraser quinze mètres plus loin. Il me lacère en long et en large, donne quelques coups et part. Je suis minable, coincé dans des poubelles injectées d'urine. Alucard le flamboyant s'est débarrassé de... l'insignifiant.

Il m'a laissé en vie... Il m'a laissé en vie ? Je ne représentais pas un danger pour lui. Je souhaitais sa mort et lui me laisse avec quelques blessures, comme si il me corrigeait. Quelle insulte. Au moins, je connais ma place désormais. Celle qui m'était réservée depuis longtemps. Celle dont je parlais, mais que l'on vient gentiment de m'expliquer.

Est-ce donc que ma haine pour lui était illusoire ? Tout comme mon amour, que je n'ai jamais exprimé. Ai-je inventé tous ces sentiments ? Pour qu'ils deviennent si ridicules.

Le problème, ce n'est pas les autres. Ni elle, ni lui, ni Alucard. Le fléau, c'est moi. Je méprise tout le monde parce que je me méprise encore plus. Je n'arrive pas à expliquer ce que je ressens. Je ne ressens plus rien. Il n'y a plus rien à dire. Comment vivre normalement sans estime de soi ? Je suis adossé contre ma fenêtre, oubliant mes blessures.

Mais que se passe-t-il ? La douleur est plus intense ? Le soleil ! Il fait jour... Je ne m'en suis pas rendu compte. Je suis en train de perdre mon bras droit. Je m'avance péniblement et tombe sur mon lit. Ce brave matelas à peine recouvert d'un drap. Symbole de ma vie, de ce que j'en ai fait. Je ne descends pas le volet. Je ferme les yeux, laissant libre court au destin, espérant que les rayons du soleil ne viendront pas me recouvrir le corps...


Voilà, avis toujours bienvenue sur chaque nouvelle et en général sur ce qui aurait dû être un recueil.
Revenir en haut Aller en bas
Tony
Serial Posteur
Tony


Nombre de messages : 738
Age : 37
Localisation : Région parisienne
Date d'inscription : 21/11/2006

Les sangtiments Empty
MessageSujet: Re: Les sangtiments   Les sangtiments EmptyMar 21 Nov - 1:04

Une bien belle nouvelle, qui détourne le thème du vampirisme, vu que c'était le sujet du recueuil dont j'ai participé (Donnie, c'est moi ^^), pour s'axer sur une histoire avant tout humaine et assez déchirante.

On sent que Ange, l'auteur de cette nouvelle, sait de quoi il parle, et il maitrise son sujet dans son developpement comme dans ses mots utilisés. Il nous livre une nouvelle parfois sanglante, toujours touchante, qui malgré son aspect fantastique, se veux réaliste. Cette sorte de descente aux enfers mentale pour le personnage est très bien orchestrée, et étant passé (sans les massacres bien sur MDR ) par une expérience assez similaire dernièrement, son histoire me touche.

Bravo Heureux
Revenir en haut Aller en bas
http://membres.multimania.fr/lovingmovies/
ZombiGirl
Fulci's girlfriend
ZombiGirl


Nombre de messages : 1643
Date d'inscription : 23/02/2005

Les sangtiments Empty
MessageSujet: Re: Les sangtiments   Les sangtiments EmptyMer 22 Nov - 12:20

Très touchée également par ce texte dont l'ensemble se rapproche du sublime. L'impossibilité de pouvoir aimer librement, la condition monstrueuse imaginée ou réelle, un écrit qui sort des tripes. C'est beau, ça m'a fait pleurer Sad
Revenir en haut Aller en bas
http://www.e-monsite.com/zombigirl
Contenu sponsorisé





Les sangtiments Empty
MessageSujet: Re: Les sangtiments   Les sangtiments Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Les sangtiments
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
SCARY-MOVIES :: Autres... :: Nouvelles-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser