Me revoila !! Voici le Compte Rendu de ce que j'ai vu :
La nuit du 28 octobre restera sans doute celle où l'Etrange Festival mérita le plus son nom. Non pas que l'évènement se trouva à court de programmation barrée -la veille encore passèrent le dernier Takashi Miike ou le dernier Shinya Tsukamato, mais cette nuit-ci était consacrée aux Freaks, dans une bien nommée Nuit Freakshow ! Pour cette thématique riche en malformation physique et en déviance mentale, un programme gratiné, entrecoupé de courts métrages : House of 1000 Corpses et Basket Case.
La soirée débute avec deux courts métrages, Animal et Protocole 33. Réalisé par des étudiants strasbourgeois, le premier se réclame de David Lynch et du cinéma de genre italien. Effectivement, au visionnage, Animal rappelle un Cannibal Holocaust filmé par le Lynch d'Eraserhead. Des souterrains crasseux, un cochon dépecé, des humains qui traînent et rampent sur le sol...c'est muet, très glauque, mais pour être franc, on y comprend pas grand chose. A noter toutefois un travail visuel et sonore qu'il faut encourager. Protocole 33 est plus convainquant, mais a pour lui d'être réalisé par un pro. C'est Benoît Lestang qui tient la caméra. Benoît Lestang, pour le resituer, est un ancien de Starfix qui travailla sur le Pacte des Loups ou Brocéliande, tant au niveau du scénario que des effets spéciaux. Pour son premier court, il nous faut suivre le bad trip d'un homme, drogué à des pilules indéterminées, qui se voit faire l'amour et pénétrer charnellement une femme. Pour le coup, on pense bien sur à Cronenberg voir à Brian Yuzna -il y a un je ne sais quoi qui rappelle Society-. Une fois de plus, c'est pas super marrant comme film. Sombre, froid et glauque, Protocole 33 n'en est pas moins une réussite.
Premier gros morceau de la nuit, House of 1000 Corpses. Vu pour la troisième fois, pris mon pied pour la troisième fois. Si le train fantôme redneck de Rob Zombie a dejà fait le tour des festivals et été distribué en Zone 1, il se redécouvre en salle. C'est en effet là que l'on prend conscience de l'incroyable travail visuel du réalisateur. Du reste, le public hilare, croulant sous les gueules de dégénérés et les "assholes" accueillit comme il se doit ce film bariolé, fou et référentiel, prouvant que, quoique put en dire Rob Zombie à l'époque, son film prend des airs indéniable de délire potache.
Petite pause et la nuit continu avec Kobelkoff. Petit document des années 20 restauré, Kobelkopff nous présente les tours de Serge Kobelkoff, un véritable homme-tronc ! C'est d'ailleurs lui qui inspira le personnage de Freaks. Sinon, le film est intéressant principalement d'un point de vue historique. S'en suivra un court métrage/clip que certains ont peut être déjà vu sur le net : Rubber Johnny. Un court où nous voyons un garçon difforme et son chien, le tout filmé en infrarouge et mis sur une musique d'Aphex Twin. C'est...curieux. Assez pour être mal à l'aise.
Deuxième et dernier clou de la soirée, le fameux Basket Case, alias Frères de Sang. Premier film de Frank Henenlotter, cinéaste de l'underground new-yorkais à qui l'ont doit Frankenhooker ou Elmer le Remue-méninges, Basket Case nous fait suivre la vengeance d'un frère et de son siamois monstrueux. Les amateurs de Street Trash, Frankenhooker voir Abel Ferrara retrouveront les rues crades de New York et sa faune décadente, mais seront sans doutes déconcertés par son rythme lent et son aspect documentaire voir amateur. Assez fauché, Basket Case fait oublier ses lacunes financière avec une histoire absurdement tragique. Tour à tour amusant, barré, gore, troublant ou émouvant, Basket Case est une belle réussite des années 80 qui n'a pas volé sa réputation.
Ainsi se terminait cette nuit frappée mais tellement louable. Une bonne tranche de folie et de bis qui combla le public présent et ceci pour un prix tout aussi sympathique : comptez 10€ pour le tout, soit deux films et quatre courts, ce qui est assez honnête.
Le lendemain, le 29 octobre, il était possible de voir Bhoot, le ring-like indien ou encore l'Accordeur de Tremblement de Terre. Mais l'attraction suprème, c'était bien sur l'avant première de Bubba Ho Thep. Comme d'hab, l'équipe est en retard, mais nous sommes récompensés : sucettes pour tout le monde ! En guise d'amuse bouche, Debil Dead, le court en pate à modeler qui fit bien rire tout le monde. Puis le clou, l'attente, l'espérance : Bubba Ho Thep. Disons le sans tarder, Bubba Ho Thep vaut autant que son buzz. C'est un film magnifique, touchant, une belle reflexion sur la veillesse où deux vieillards, dont un fou et un qui bande mou, sauvent leurs maisons de retraite d'une momie ancestrale. C'est absurde, très beau, une musique superbe. Une revanche sur la vie sous les oripaux d'une grosse bisserie parfois hilarante. Mon coup de coeur ! Bruce Campbell est grand, tout en sobriété. Bubba Ho Thep meriterai de devenir un classique.