Comment peut-on définir Lord Ruthven?
Quelqu'un de gentil? Evidemment!
Quelqu'un de mystérieux? Absolument!
Un homme de goût? Exactement!
Un petit coquin? Tout a fait!
Interview
seignante d'un grand ami cybérien!
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-Lord, bonjour. Alors tout d'abord (même si tu me l'avais déja expliqué), pourquoi ce pseudo?Bonjour Evil Raptor. Aujourd’hui je vais chercher à placer le mot «nonobstant ». Souhaite moi bonne chance.
Ce pseudo vient de la littérature. Lord Ruthven est un vampire créé plus ou moins officieusement par John Polidori, dans un petit roman qui ne date pas d’hier intitulé
Le Vampire, tout simplement. Le roman n'est pas vraiment un chef d'oeuvre, mais sa lecture est surprenante. On y découvre les prémices du
Dracula de Bram Stoker, voir de certaines aspects de l'oeuvre d'Anne Rice.
-On n'a jamais réussi à voir ton visage (tout du moins sur le net, et c'est un point commun avec moi). Pourquoi tout ce mystère?"Quoi ma gueule, qu'est ce qu'elle a ma gueule..." Par mystère justement, un peu, par pudeur essentiellement. Puis lors des rencontres dans la vraie vie -et oui, pourquoi pas ?-, cela donne une découverte et un effet de surprise supplémentaire.
-D'où te viens cette passion pour les films d'horreur?J'ai toujours eu, aussi loin que je me rappelle, un goût pour le fantastique et la science fiction. C'est ce que je recherchais à la télévision en priorité. Mais c'est la lecture qui m'a permis dans un premier temps de me rassasier. Notamment parce que les films passaient parfois tard, alors qu'un livre peut être lu quand on veut et être emmené. Je lisais beaucoup quand j'était petit, je n'arrive plus à tenir un rythme pareil actuellement, je le regrette un peu. Mais l'horreur, la vraie, je n'aimais pas trop ça au début, ça me faisait peur, d'ailleurs ma mère croyant bien faire m'a un jour ramené de la bibliothèque (pour enfants) un recueil de nouvelles qui m'avait fait mourir de trouille. Les illustrations n'y étaient pas pour rien, je me rappelle qu'il y avait une illustration épouvantable d'un enfant-fantôme, avec un visage tout ridé qui semblait crier. L'histoire qui s'y rapportait, je m'en souviens comme ci c’est théière, s'appelait
"l'enfant à la pélerine jaune", et le livre,
"je frissonne, tu frissonnes". Que voila un titre bien trouvé...En plus comme un âne je lisais ça le soir avant de dormir...Donc j'aimais les univers irréels, les choses qui n'existent pas, les idées parfois fumeuses de certains auteurs, mais l'horreur véritable, c'est arrivé après coup, notamment lorsque j'ai découvert Stephen King. Pour les films, il y a deux voir trois films qui ont été important sur ma passion actuelle. Avant tout, je voudrai faire une parenthèse sur ma mère qui aime beaucoup les films de la Hammer par exemple, donc je pense que quelque part, l'hérédité doit jouer. Donc au début, je n'aimais pas trop ça. J'ai vu ce film magnifique qu'est
le Dragon du Lac du Feu assez tôt, ça j'aimais bien comme type de film, mais pas beaucoup plus. Les premiers films du genre que j'ai vu ont été
Chucky La Poupée de sang -qui m'a fait très peur-, et plus tard,
Zombie qui m'a profondément troublé et
Creepshow, qui comme
Zombie est un film assez cher à mon coeur, car il m'a fait peur lorsque je l'ai vu, mais pour autant je ne voulais pas quitter l'écran. Quand je dis que
Zombie m'a troublé, c'est que j'ai ressenti devant ce film des choses inédites pour moi à l'époque. Il y a cette cave remplie de morts vivants, dont l'un mange un pied. Cette image m'a beaucoup marqué. Et les zombies bleus également. Je me disais "c'est grotesque, c'est de la craie" (oui, j'avais une étrange notion du maquillage à l'époque) et pourtant, j'était fasciné.
-Et les westerns?Mon grand père est un fan de John Wayne, peut être que le goût du genre vient de lui. Pour autant, je ne suis pas vraiment fan du western américain, même si j'en aime bien quelques uns comme
Alamo ou
les 7 Mercenaires. En fait, mon attrait pour le western est arrivé en même temps que ma découvert du
Bon la Brute et le Truand. Cela doit être aussi de là que vient mon goût pour le cinéma italien en général. Les films de Leone passent souvent à la télévision, c'est un avantage, alors j'ai pu en voir la plupart assez rapidement. Par la suite, j'ai exploré le genre et découvert quelques unes de ses autres pépites. Il faut aussi savoir qu'habitant l'Alsace, je capte les chaînes allemandes. Les Allemands ont un système curieux : en journée, en soirée, c'est émissions, talk show et autres bêtises....puis vers minuit, une heure, deux heures du matin (!), ils passent des films avec parfois de belles raretés. Par exemple ils avaient eu récemment une nuit Dr Mabuse, où passait trois films de la série. Je ne sais pas trop pourquoi ils ont cette grille de programmation, peut être pour ceux qui bossent de nuit. Quoiqu'il en soit, ça m'a permis de voir pas mal de western italien, car les Allemands semblent aimer ça aussi. Le western italien est crade, immoral, violent, souvent bien rythmé, pleins de personnages louches. J'accroche énormément à cette sorte de grand terrain de jeu.
-Quels sont tes autres passions dans la vie?Les plaisirs simples. J'aime lire, comme déjà dit. Et créer quand j'en ai l'occasion.
-
Comment considères-tu le cinéma d'horreurJe pense que c'est un cinéma qui mérite qu'on s'y attarde. Dénigrer ce cinéma sans le connaître, c'est risquer de le voir disparaître. L'espèce de revival qu'il y a actuellement n'est pas pour me déplaire, même si ce n'est pas toujours à l'avantage du genre (remake, etc...).
-Quel est ton plat préféré?Les plats à tarte bien sur !
-Quels sont tes films d'horreur préférés?J'aime quand un film me surprend, qu'il va au bout de son concept, qu'il ai une certaine ambiance... C'est pour ça que j'aime le cinéma italien, même quand le film est mauvais, il y a toujours une idée de dingue ou un côté jusque-boutiste, quitte à devenir ridicule. J'aime aussi la beauté d'un film, je suis assez sensible à l'un ou l'autre choix esthétique. Ceux que j'aime par dessus tout ou que j'aime à revoir sont
Zombie, Creepshow, Suspiria, Dellamorte Dellamore (gna !), Vorace, le Dracula avec Bela Lugosi, le Masque du Démon, Carnival of Souls, le Maître des Illusions, Lisa et le Diable, Prince des Ténèbres, Chromosome 3, la Maison prêt du Cimetière, le Chat Noir (avec Karloff et Lugosi), le Loup Garou de Londres, Maniac, l'Eventreur de New York, le Moulin des Supplices, Basket Case, Théâtre de Sang...
(Lord présente : l’interlude poésie de Scary Movies)
Mais au delà (de Fulci) de cette liste incomplète, celui que je préfère est toujours le prochain, la prochaine surprise, la prochaine découverte...
(C’était l’interlude poésie de Scary Movies)
-Et les westerns? Pourquoi?Hormis les Leone -mes préférés sont
Le Bon la Brute et le Truand, Et Pour Quelques Dollars de Plus et
Il Etait une fois la Revolution-, j'aime particulièrement
Django de Sergio Corbucci, pour son outrance, sa folie et son côté bourrin.
Le Grand Silence du même Corbucci, pour son désespoir, sa neige et sa noirceur (et son histoire incroyable).
Adios Sabata, pour sa mélancolie et la musique magnifique de Bruno Nicolai.
Une raison pour vivre, une raison pour mourir, de Tonino Valerii, parce que c'est
les 12 Salopards en western et que j'aime son aspect tragi-comique.
Mon Nom est Personne, toujours de Valerii pour ses airs de film-testament.
Keoma, parce que c'est un de ces films qui restent en tête longtemps après le visionnage. Ca a mis le temps, mais j'aime beaucoup le
Pat Garrett et Billy The Kid de Sam Peckinpah, une oeuvre étrange qui pour moi surpasse la Horde Sauvage. Puis entre
Impitoyable et
Josey Wales, de Clint, mon coeur balance...
Il y a aussi quelques plaisirs coupables, comme le joyeux
la Brute, le Colt et le Karaté, où Lee Van Cleef et Lo Lieh cherchent des bouts de cartes au trésor tatoués sur les fesses de jolies femmes.
Dans un genre plus moderne, il y a
Danse avec les Loups qui est tout simplement très beau. Puis j'avais bien aimé le livre déjà.
-Les films d'horreur que tu aimes le moins? Pourquoi?On est jamais à l'abri d'une déception. Je n'aime pas du tout
le Fantôme de l'Opéra d'Argento par exemple, que je trouve raté. Des trois
Evil Dead, je n'aime vraiment que le premier. Je trouve les deux autres assez lourds, même si le talent de Sam Raimi est indéniable. Je n'aime pas
Bad Taste non plus, amateur et fatiguant.
Mais la réponse s'axe plutôt sur un genre. Je n'aime pas les films de Serial Killer réalistes genre
Henry, ça m'ennuie terriblement.
-Les westerns que tu aimes le moins? Pourquoi?Je n'ai jamais réussi à voir
Rio Bravo jusqu'au bout. J'accroche pas, je m'embête, c'est lent...
Les Italiens n'ont pas fait que des chefs d'oeuvres non-plus.
Ringo au Pistolet d'Or, quelle catastrophe...Sinon, je supporte assez mal les western "propres" où les personnages de balladent en costume de ville. C'est en général assez bavard et je m'ennuie.
-Tes réalisateurs préférés, et pourquoi?Romero, parce qu'il m'a prouvé qu'un film d'horreur pouvait être intelligent et que son oeuvre est très intéressante. Dario Argento, parce qu'il m'a prouvé qu'un meurtre pouvait être une oeuvre d'art. Mario Bava, parce qu'il a fait des merveilles avec trois kopecks et un rocher en carton. Sergio Leone parce que j'ai rarement vu un metteur en scène en telle harmonie avec ses acteurs ou son compositeur. Fulci parce que c'était un drôle de bonhomme -il me fait penser un peu à Leone- et qu'il a poussé le gore très loin, sans pour autant livrer des films dénués d'âme. Stuart Gordon, parce que c'est un réalisateur attachant et que son érotisme est toujours bien tordu (l'influence de son copain Brian Yuzna ?). Je suis assez client de ce genre de scènes, où il y a une fille nue et une monstruosité dans le même plan. Tiens dans
Ré-animator, une fille nue qui subit les assauts d'une tête sans corps sur une table d'autopsie, quel pied !
Martin Scorsese parce que nonobstant (
)le reste de sa filmographie
, les Affranchis est meilleur film de gangsters du monde derrière
le Parrain et
Il Etait une Fois en Amérique. John Woo, pour ses symphonies en .45 majeur et ses héros magnifiques. Puis il y a des réalisateurs dont j'aime bien le style sans pour autant connaître bien leurs oeuvres, comme Sam Peckinpah, Abel Ferrara ou Takashi Miike.
-Plutôt CGI ou vieilles méthodes d'effets spéciaux? Pourquoi?Je trouve que les CGI sont froides et ont un rendu bizarre. En outre, ça vieilli particulièrement mal, ce qui rend certain films difficilement regardable aujourd'hui. C'est fou de voir à quel point
la Menace Fantôme, qui n'est pourtant pas super vieux, a pris un coup dans l'aile. Alors qu'un maquillage ou qu'un effet mécanique tiens bien le cap du temps. Puis quand un acteur gesticule devant un fond bleu, je trouve que c'est une drôle de conception du cinéma. J'aime les CGI quand elles sont discrètes, bien faites bien sur et qu'elles ne servent pas de solution de facilité. Quand Peter Jackson adapte Tolkien, il a bien sur recours à l'image de synthèse pour ses armées impressionnantes (Gollum numérique, je suis un peu sceptique), ça ne l'empêche pas de tourner en Nouvelle Zelande et d'y chercher de beaux décors. A l'inverse, les images de synthèses complètement foireuses de
Des Serpents dans l'Avion ne me dérangent pas trop, car c'est un film tellement insensé que ces effets ratés apparaissent presque logiques.
-Es-tu fier de ta collection de dvd personelle?Oui, je n'ai pas à me plaindre
-Combien en possèdes-tu?Elle est bien modeste, je crois n'avoir qu'une centaine de DVD
-Des objets collectors?Un petit porte clé avec un nounours habillé en Jason.
-Ceux qui te tiennent le plus à coeur? Pourquoi?Celui cité ci-dessus, car c'est un cadeau
-Tu en achètes combien par mois à peu près?Un ou deux. Je suis plutôt quelqu'un qui loue, j'achète peu. Puis quand j'achète, attention : je prend un DVD, je le remet, je le reprend, je le re-remet, je lis la jaquette, je le reprend...Puis finalement je repart avec autre chose. L'autre jour j'étais partie à la Fnac m'acheter un film précis...et je suis reparti avec un Fulci acheté au pif !
-Sur quel(s) critère(s)?La réputation, l'histoire, l'envie de voir le film ou d'explorer la filmographie d'un réalisateur dont je connais plus ou moins le savoir faire. Le prix aussi. Les bonus ne m'intéressent pas trop, je préfère acheter un film moins cher sans bonus. A l'inverse, si ça commence à chiffrer, je suis content d'avoir un ou deux bonus avec.
-Ton dernier coup de coeur cinématographique?Ce n'est pas vraiment cinématographique, mais je suis en train de découvrir les
Masters of Horror et ça me plait beaucoup
-Si tu devait être du chocolat, ce serait : chocolat blanc, au lait, ou noir?Mmm...chocolat noir.
-Tobe Hooper is dead for you?Il pourrait profiter de la mouvance actuelle pour faire jouer son nom et obtenir budgets confortables. Au lieu de ça, il semble préférer faire des petits films dans son coin. C'est une démarche que je respecte. Reste que je préfère me rappeler d'Hopper pour
Massacre à la Tronçonneuse que pour
Crocodile ou
Mortuary.
Au demeurant, je suis pas fan du tout.
-Un dernier mot pour SCARY-MOVIES et ses quelques membres?Il est six heures au clocher de l'église
Dans le square les fleurs poétisent
Une fille va sortir de la mairie
Comme chaque soir je l'attends
Elle me sourit
Il faudrait que je lui parle
A tout prix
Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Parler me semble ridicule
Je m'élance et puis je recule
Devant une phrase inutile
Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre
D'une rencontre
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je l'appellerai sans la nommer
Je suis peut-être démodé
Le vent d'hiver souffle en avril
J'aime le silence immobile
D'une rencontre
D'une rencontre
Il n'y a plus d'horloge, plus de clocher
Dans le square les arbres sont couchés
Je reviens par le train de nuit
Sur le quai je la vois
Qui me sourit
Il faudra bien qu'elle comprenne
A tout prix
Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Toutes les excuses que l'on donne
Sont comme les baisers que l'on vole
Il reste une rancœur subtile
Qui gâcherait l'instant fragile
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Une histoire d'amour sans paroles
N'a pas besoin du protocole
Et tous les longs discours futiles
Terniraient quelque peu le style
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je lui dirai tous les mots bleus
Tous ceux qui rendent les gens heureux
Tous les mots bleus